Joueur de flûte
1966
Watercolor
30" x 24 "
[La musique] mine, dans la mélancolie, la nostalgie d'un passé lointain irrémédiablement perdu, une nostaligie que, parfois, rien ne paraît devoir apaiser; en effet, elle nous fait entendre «cet ardent sanglot», dont parle Baudelaire s'adressant à Dieu, «qui roule d'âge en âge et vient mourir au bord de votre éternité». Mais aussi, par bouffées, elle nous dispense, dans un climat de résurrection, «cette joie ineffable qui, comme l'écrit Proust, semble venir du Paradis perdu». Lorsqu'elle s'arrache au passé, elle comble notre présent de sensations vives qui font le bonheur de l'instant; mais elle creuse aussi d'une attente inquiète et tissée de patience et d'impatiences alternées, un avenir vers lequel elle nous pousse et nous tire pour y faire fructifier mille projets.
— Michel Ribon, Le Gouffre et l'Enchantement, 2006.